Vers une Économie Vivante
Peut-être que la Wallonie, terre d’anciennes forges et de forêts, pourrait redevenir le lieu où le métal du travail se transforme en lumière de fraternité.
Peut-être que la Wallonie, terre d’anciennes forges et de forêts, pourrait redevenir le lieu où le métal du travail se transforme en lumière de fraternité.
Notre époque ne manque ni d’outils, ni de technologies.
Ce qui s’épuise, c’est le souffle intérieur qui donnait sens à ces outils.
On le sent dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les entreprises : l’humain ne circule plus.
L’attention se contracte, la confiance se retire, la peur du lendemain durcit les cœurs.
Les structures continuent de tourner, mais le courant de vie s’est tari.
Dans les régions comme la Wallonie, riches de ressources naturelles et humaines, cette crise se ressent encore plus vivement.
Beaucoup travaillent dur, d’autres se découragent, certains se replient.
Pourtant, sous la surface, quelque chose cherche à renaître : un besoin de sens, de lien, de beauté.
Les sciences humaines distinguent souvent trois niveaux d’action :
Ces trois niveaux sont en vérité les trois organes d’un même corps social :
le cœur (micro), la tête (mezzo), les membres (macro).
On ne peut guérir l’un sans les autres.
Steiner décrivait déjà cette loi :
« Ce qui s’enfonce dans la Terre renaît dans le Soleil. »
Dans la matière comme dans l’argent, le même geste est à l’œuvre :
lorsque la substance se concentre trop, elle se fige ; lorsqu’elle circule, elle rayonne.
L’économie vivante se comprend comme une respiration :
accumulation → point zéro → rayonnement.
Quand le capital se retire par peur de perte, il tombe dans un trou noir ;
quand il se met en mouvement — pour créer, partager, embellir — il devient lumière sociale.
C’est à ce passage du point zéro que l’humanité est aujourd’hui appelée.
La Wallonie, avec ses vallées, ses forêts et son génie artisanal, pourrait devenir un laboratoire de régénération.
Le projet que nous appelons Économie Vivante Wallonie s’articule autour de trois organes complémentaires :
Une banque coopérative régionale qui finance l’économie réelle : petites entreprises, fermes, ateliers, initiatives culturelles.
Transparente, tri-sectorielle, elle relie producteurs, consommateurs et acteurs culturels.
Son objectif : faire circuler le capital plutôt que le thésauriser.
Un lieu où se transmettent les savoir-faire manuels et artistiques : travail du bois, agriculture régénérative, métiers de restauration, arts du métal, design, cuisine.
Mais aussi la perception, la couleur, le rythme, la conscience du geste.
L’école unit main, tête et cœur.
Un espace d’accueil pour ceux qui ont perdu le sens du travail ou de la vie.
On n’y vient pas pour être assisté, mais pour réapprendre à percevoir : soi-même, la nature, les autres.
Durant quelques mois, les participants vivent une pédagogie de la volonté : observation, travail communautaire, redécouverte du monde.
C’est une ré-initiation à la vie.
Ce que le thérapeute accomplit dans l’âme d’une personne — redonner mouvement là où tout était figé — peut être accompli collectivement par la société.
Lorsqu’un capital circule à nouveau, lorsqu’une communauté travaille avec joie, lorsqu’un territoire se réanime, c’est le même principe vital qui agit, mais à une autre échelle.
Ainsi, l’économie vivante ne s’oppose pas au développement individuel : elle l’amplifie.
Celui qui retrouve du sens dans sa vie veut naturellement contribuer à la vie des autres.
L’éducation du cœur prépare la transformation des structures.
Nous proposons la création d’un Cercle Économie Vivante – Wallonie, réunissant thérapeutes, éducateurs, entrepreneurs, élus, citoyens et artistes.
L’objectif : réfléchir ensemble à un premier territoire pilote, peut-être dans les Ardennes, où ces trois organes pourraient naître.
Le projet ne cherche pas l’uniformité, mais la coopération des libertés : chacun agit selon sa vocation, relié à un même courant.
Les partenaires potentiels :
Notre civilisation guérit quand elle commence à créer à nouveau.
Ce n’est pas en punissant les riches ou en subventionnant les pauvres que la société respire, mais en ouvrant la circulation entre eux.
Le riche devient rayonnant quand son capital sert le monde ; le pauvre retrouve dignité quand sa volonté est reconnue et soutenue.
Entre les deux, une nouvelle fraternité économique peut naître.
« Ce que l’individu accomplit pour se guérir, la communauté peut le faire pour le monde : redonner au mouvement la conscience qu’il avait perdue. »
L’économie vivante est cette guérison sociale : une respiration retrouvée entre le centre et la périphérie, entre la personne et la Terre.
Et peut-être que la Wallonie, terre d’anciennes forges et de forêts, pourrait redevenir le lieu où le métal du travail se transforme en lumière de fraternité.